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PROVIDENCE chez édilivre (Nathalie L. NEMIR)
4 janvier 2014

voici un extrait de mon livre

La main gauche sous le menton, la main droite
tient un stylo plume bon marché par le milieu, sans
bouger, telle une statue de cire. Elle réfléchit, la
plume s’assèche pendant qu’elle fixe intensément le
mur de sa chambre. Elle s’imagine sans doute au bout
du monde ou dans les nuages. Les larmes coulent le
long de son visage faisant une déviation autour de ses
narines et finissant sur le menton. Reniflant, les yeux
gonflés et rouges. Sa respiration est irrégulière. Son
corps tremblant devant une feuille blanche qui lui
rappelle que c’est terminé. Il y a trois semaines
encore, tout était beau, elle avait le sourire aux lèvres,
elle dansait, riait, elle était heureuse tout simplement.
Mais le sort en a décidé autrement. Cette voiture
rouge roulait trop vite, sur une avenue très fréquentée.
Invraisemblable, les policiers, les inspecteurs ne
peuvent rien trouver ; la raison : les plaques sont
fausses et apparemment aucun indice sur les lieux du
crime, pas la moindre preuve. Mais maintenant, il y a
tellement de choses qu’on peut faire pour retrouver
des criminels. Pourquoi ne le peuvent-ils pas ? Les
policiers se sont excusés auprès d’Emily.
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Malheureusement la douleur est toujours présente.
Ces souvenirs douloureux remontent avec les larmes.
Le papier trempé par les larmes reste toujours blanc.
Un bruit, dans sa chambre spacieuse, se fait entendre.
Sa tête pivote, comme un hibou, elle crie son nom. La
pièce est vide, grande et froide, personne ne se trouve
là. Pourquoi est-il parti ? Cette question tourne dans
sa tête, mais rien, aucune réponse.
Ses pensées s’arrêtent. D’un coup de folie, elle se
lève, court dans la salle de bain, ouvre les tiroirs, les
placards, elle avale tout ce qu’il y a sur son passage
mais quelques cachets ne suffisent pas, elle se dirige
donc vers le salon, elle trouve quelques bouteilles
d’alcool encore pleines, qu’elle boit directement sans
verre. Quelques gorgées, elle éclate en sanglots et
s’écroule genoux à terre. Les médicaments, l’alcool et
la tristesse ont raison d’elle. Elle s’allonge. La
solitude est pesante, la mélancolie la tue, le silence est
insupportable mais l’idée qu’il puisse franchir de
nouveau le seuil de la porte la tient. La nuit tombe, les
heures défilent, les larmes ont cessé de couler. La nuit
laisse place au soleil. Le téléphone sonne plusieurs
fois, elle reste là, sans bouger, sur le sol. Son travail,
elle s’en fiche, depuis l’accident, elle l’a oublié. Ils
sont compréhensifs, ils la mettront en vacances pour
ne pas la licencier.
La porte de l’appartement s’ouvre, une silhouette
grande et fine apparaît sur le seuil. Vince, son frère. Il
n’est pas encore entré qu’il s’exclame en voyant sa
soeur étendue par terre :
– « Non, ce n’est pas vrai, elle a recommencé ! »
dit-il en voyant sa soeur dans un état quasi-comateux.
Il entre dans l’appartement en prenant soin de
fermer doucement la porte. Il la soulève et l’emmène
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dans sa chambre en prenant soin de ne pas la
réveiller. Cette tâche effectuée, il s’attaque au ménage
qui, il faut le dire, est titanesque. Vince ne supporte
pas le désordre, il est du genre maniaque. La maison
est remplie de linge sale, de poussière sur les
meubles, de miettes sur la table. Il range toutes les
bouteilles pleines de façon à ce qu’elle ne les trouve
pas. Les cadavres éparpillés dans tout l’appartement
vont directement dans la poubelle. Des vêtements,
propres et sales, jonchent le sol, le canapé, les portes
jusque dans l’évier de la cuisine. La puanteur est
insupportable. Il se met au travail sans se poser de
questions. Il commence par le linge. Il ramasse tout,
t-shirts, pantalons, sous-vêtements. La jeune fille ne
fait plus attention à rien que ce soit les vêtements ou
la maison. Vince met le linge dans la machine à laver
en veillant à ne mettre que du blanc pour la première
tournée. Le grand frère sait qu’il ne faut surtout pas
mélanger le blanc et les couleurs sinon le blanc
devient bleu, rose ou vert selon les couleurs qui
dégorgent. La machine est en route, le restant dans la
panière. Il s’attaque au plus difficile, la cuisine. Un
bruit de dégoût sort de sa bouche. La moisissure
gagne du terrain, certaines assiettes sont déjà
conquises. Le sac poubelle, grande taille, ouvert, déjà
plein de bouteilles vides, accueille chaleureusement la
vaisselle irrécupérable, les cartons, les papiers
trempés. Dans une casserole, un nid de fourmis.
Vince ne cherche pas à savoir d’où elles viennent.
Elle passe aussi à la poubelle. Il prend la vaisselle
restant dans l’évier afin de la décaper. Il ne reste plus
beaucoup d’assiettes, la plupart sont dans le sac
destiné au vide-ordures. Le balai, la serpillière et le
seau sortis, il nettoie la cuisine. Cette activité
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achevée, elle brille comme neuve. Il continue dans le
salon, un chiffon d’une main et le produit de l’autre.
Il dépoussière les meubles, remet en place les
bibelots, les cadres, les bougies… d’autres déchets
vont à la poubelle, déjà pleine. Il passe le balai et la
serpillière, en ouvrant bien les fenêtres. Il file dans la
salle de bain. Tout comme la cuisine, un bruit de
dégoût sort de sa bouche. Baignoire, toilettes, douche,
lavabo, étendoir, la crasse et la moisissure ont gagné
du terrain ici aussi. Vince ne peut même pas se voir
dans le miroir. Les produits sortis, il désinfecte tout. Il
frotte chaque coin et recoin de la pièce jusqu’à
obtenir une salle de bain saine. Près d’une heure plus
tard, l’appartement brille, sent bon, les bêtes sont
parties. Content de lui, il se dit qu’il a bien travaillé,
sa soeur avait besoin d’aide. Il ferme la poubelle
débordante et la place devant la porte d’entrée, à
l’extérieur, pour ne pas l’oublier en partant. Emily ne
se réveille pas, pourtant le bruit résonne dans la
maison. L’appartement propre, il décide de préparer
un bon café pour sa soeur qui dort encore. Il étend le
linge. L’odeur du café et du linge propre parfume le
logement. Emily sort de ses songes grâce au parfum
du moka. Elle ouvre les yeux et s’étire difficilement.
– « Humm, ça sent bon le café frais, dit-elle en
enfilant ses chaussons. Sa tête tourne, elle a bien
picolé hier soir. Malgré sa migraine, elle va dans la
cuisine où son frère l’attend avec une grande tasse, un
verre d’eau et une aspirine. Elle ne se rend même pas
compte que son appartement est nettoyé à fond, que
les fenêtres sont ouvertes.
– Tu as encore pris des cachets et de l’alcool hier
soir, n’est-ce pas ?
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– Oui, et alors ? Tu n’es pas à ma place, tu ne sais
pas ce que je vis. J’espère qu’un jour je survivrai à
cette situation, dit-elle avec lassitude.
– Arrête de dire des bêtises. D’accord il est mort,
mais ta vie ne s’arrête pas là. Tu dois vivre, faire
quelque chose de ta vie.
– NON ! Il était toute ma vie, je suis perdue sans
lui. Que veux-tu que je fasse, sans ma raison de
vivre ? répond-elle en colère. Tu veux que dès
aujourd’hui, je trouve quelqu’un d’autre ? Que
j’oublie tout ce qu’il s’est passé ces dernières années,
c’est ça que tu veux ? Il est décédé depuis à peine
quelques jours. Non, non, il en est hors de question !
– Bien sûr que non, mais ce que je veux dire, vous
aviez votre vie à deux et maintenant tu as ta vie seule,
ta vie à toi », essaie-t-il pour la rassurer.
Vince ne veut plus continuer cette conversation,
car il souhaite éviter à tout prix une dispute répétitive.
Elle boit son café et avale son cachet. Sans un mot,
elle va prendre son bain. Pendant ce temps, Vince
allume la télévision, il regarde les informations,
fatigué, assis sur le canapé. Au bout d’une heure,
l’eau coule sous la porte de la salle de bain. Vince
comprend immédiatement et défonce la porte. Elle
essaie de se noyer en laissant l’eau couler. Il la prend
sous les bras et la sort de la baignoire, l’enveloppe
dans une serviette pendue sur le côté. Quelques
minutes s’écoulent avant qu’elle ne se lève et
reprenne ses esprits. Assise sur le sofa, elle éclate en
sanglot. Sa peine et sa douleur sont trop fortes. Après
avoir épongé l’eau de la salle de bain et du salon, il
s’installe près d’elle et la garde près de lui durant de
longues minutes.

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